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animation de Sélénine, toujours si retenu, et qui surprenait Nekhludov, provenait de ce qu’il tenait le président de la société anonyme pour un homme très malhonnête en affaires d’argent, et qu’il avait appris, par hasard, la présence de Wolff à un somptueux dîner offert par ce financier, quelques jours avant le procès. Comme Wolff, malgré une grande prudence, rapportait l’affaire avec une partialité évidente, Sélénine s’anima et exprima son opinion avec plus de nervosité que n’en comporte une affaire ordinaire. Ses paroles visiblement froissèrent Wolff : il rougit, parut surpris, et, d’un air très digne et vexé, se retira avec les autres sénateurs dans la salle des délibérations.

— Pour quelle affaire ? demanda de nouveau l’huissier à Fanarine dès que les sénateurs furent sortis.

— Mais je vous l’ai déjà dit, l’affaire Maslova, répondit Fanarine.

— C’est bien. L’affaire doit venir aujourd’hui, mais…

— Quoi donc ?

— Voyez-vous, on devait statuer sur cette affaire hors de la présence des parties ; il est donc peu probable que MM. les sénateurs sortent de leur chambre après le prononcé du jugement. Mais je vous annoncerai.

— Comment ? qu’est-ce que cela veut dire ?