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— Mais elle est condamnée aux travaux forcés. Je suis venu ici, précisément pour essayer de faire casser le jugement. C’est la première des affaires pour lesquelles je m’adresse à vous.

— Ah vraiment ! Et de qui cela dépend-il ?

— Du Sénat.

— Du Sénat ? Mais mon cher cousin Léon siège au Sénat. Ah ! j’oublie qu’il est dans la section héraldique. Des vrais sénateurs, je n’en connais aucun. Dieu sait d’où sortent ces gens… des Allemands : Ge, Fe, De… tout l’alphabet ! ou bien toutes sortes d’Ivanov, de Sémenov, de Nikitine ; ou bien des Ivanenko, des Simonenko, des Nikitenko, pour varier ! Des gens de l’autre monde. Mais cela ne fait rien, j’en parlerai à mon mari. Lui les connaît. Il connaît toutes sortes de gens. Je lui en parlerai. Mais toi, tu lui expliqueras l’affaire, car moi il ne me comprend jamais ; quoi que je dise, il affirme toujours qu’il ne comprend rien. C’est un parti pris. Tout le monde me comprend, lui seul ne me comprend pas.

À ce moment un valet de chambre apporta une lettre sur un plateau d’argent.

— Justement d’Aline ! Voilà, tu entendras aussi Kizeweter.

— Qui est-ce Kizeweter ?

— Kizeweter ? Viens chez nous ce soir, et tu verras. Il parle si bien que les criminels les plus endur-