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cendre à l’hôtel, c’était offenser sa tante ; or cette tante avait des relations puissantes et pouvait lui être au plus haut degré utile pour toutes les affaires dont il avait à s’occuper.

— Eh bien ! qu’ai-je appris sur ton compte ? quel est ce miracle ? lui demanda la comtesse Catherine Ivanovna dès le matin de son arrivée, en lui faisant servir le café. Vous posez pour un Howard ! Tu secours les criminels ! Tu visites les prisons ! Tu corriges les prisonniers !

— Certes non, je n’y songe pas.

— Tant mieux ! Mais, quelque aventure romanesque ? Allons, raconte.

Nekhludov fit le récit de ses relations avec Maslova et raconta tout ce qui s’était passé.

— Je me souviens ! La pauvre Hélène m’avait vaguement parlé de tout cela, après ton séjour chez les vieilles demoiselles. N’avaient-elles pas imaginé de te faire épouser leur pupille ? (La comtesse Catherine Ivanovna avait toujours méprisé les tantes paternelles de Nekhludov.) Alors c’est elle ? Elle est encore jolie ?

Catherine Ivanovna était une femme d’une soixantaine d’années, bien portante, gaie, active bavarde. De haute taille, très corpulente, on remarquait sur sa lèvre les traces d’une moustache brune. Nekhludov l’aimait ; depuis son enfance il était habitué à venir puiser près d’elle l’énergie et la bonne humeur.