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même entrée dans la chambre… Et puisque cette saleté y est entrée, c’est elle qui a tout fait.

— Vous direz cela plus tard, — fit de nouveau le président de sa voix tranquille et ferme. — Alors vous ne vous reconnaissez pas coupable ?

— Je n’ai pas pris d’argent, je n’ai rien donné à boire, je ne suis pas même entrée dans la chambre. Si j’y étais entrée, je l’aurais jetée dehors.

— Vous ne vous reconnaissez pas coupable ?

— Jamais.

— Très bien.

— Catherine Maslova, — dit ensuite le président en s’adressant à l’autre prévenue, — vous êtes accusée, après être venue de la maison publique dans une chambre de l’Hôtel de Mauritanie, avec la clef de la valise du marchand Smielkov, d’avoir dérobé dans cette valise de l’argent et une bague, — disait-il, comme s’il eût récité une leçon apprise par cœur, en penchant en même temps l’oreille vers l’assesseur de gauche, qui faisait remarquer que, dans l’énumération des pièces à conviction, il manquait un bocal, — d’avoir dérobé dans cette valise de l’argent et une bague, — répéta le président, — et après avoir partagé les objets volés, étant revenue avec le marchand Smielkov à l’Hôtel de Mauritanie, d’avoir donné à boire à Smielkov du vin contenant un poison, et dont la mort s’est suivie. Vous reconnaissez-vous coupable ?

— Je ne suis coupable de rien, — répondit-elle