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soit perdue, car elle s’est trouvée cette nuit-là même en état d’ébriété. Afin de dissimuler les traces du crime, les complices résolurent d’attirer de nouveau le marchand Smielkov dans sa chambre, et de l’y empoisonner avec de l’arsenic que détenait Kartinkine. À cette fin, Maslova retourna dans la maison de tolérance et persuada au marchand Smielkov de revenir avec elle à l’hôtel de Mauritanie. Dès que celui-ci y fut de retour, Maslova, qui avait reçu la poudre des mains de Kartinkine, la versa dans le vin qu’elle donna à boire à Smielkov ; il en résulta la mort de Smielkov.

« Comme suite de l’exposé de ces motifs, le paysan du village Borki, Simon Kartinkine, trente-trois ans ; la bourgeoise Euphémie Ivanovna Botchkova, quarante-trois ans, et la bourgeoise Catherine Mikhaïlovna Maslova, vingt-sept ans, sont accusés d’avoir, le 17 janvier 188*, étant complices, volé au marchand Smielkov son argent, s’élevant à la somme de 2500 roubles, et, ayant résolu de le tuer afin de cacher les traces du crime, d’avoir fait boire du poison au marchand Smielkov et d’avoir ainsi occasionné sa mort.

«Ce crime est prévu par l’article 1455 du Code pénal. En vertu de quoi et de tels et tels articles de la juridiction pénale, le paysan Simon Kartinkine, Euphémie Botchkova et la bourgeoise Catherine Maslova sont déférés devant la Cour d’assises »