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sident, et se mit à agiter ses muscles maxillaires, comme s’il eût murmuré quelque chose. Il était suivi d’une femme, pas jeune, également vêtue d’une capote de prison. Un fichu de prisonnière lui couvrait la tête ; son visage était d’une pâleur terne ; ses yeux rouges, sans cils ni sourcils. Cette femme semblait parfaitement calme. En arrivant à sa place, sa jupe s’étant accrochée, elle la dégagea soigneusement, sans se presser, la rajusta et s’assit.

La troisième des accusés était Maslova.

Dès son entrée, les yeux de tous les hommes présents dans la salle se tournèrent vers elle et s’arrêtèrent longuement sur son visage blanc, aux yeux noirs brillants et sur sa haute poitrine, saillante sous sa capote. Même le gendarme, devant lequel elle passa, la suivit des yeux jusqu’au moment où elle s’assit ; et quand elle fut assise, il détourna brusquement son visage, comme s’il avait commis une action repréhensible, se secoua, et fixa les yeux sur la fenêtre qui se trouvait devant lui.

Quand les prévenus furent assis, et Maslova à sa place, le président se tourna vers le greffier.

La procédure habituelle commença : appel des jurés, constatation des manquants, condamnation à une amende, examen des excuses présentées par certains, remplacement des absents par des suppléants. Puis le président roula des billets, les plaça dans le bocal en verre et, après avoir relevé