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lit, les mains appuyées sur ses genoux. Dans la salle se trouvaient : la phtisique Vladimirskaia, qui allaitait son enfant, la vieille Menchova et la garde-barrière avec ses deux enfants. La fille du sacristain reconnue aliénée, la veille, avait été transportée à l’hospice. Les autres femmes étaient au lavoir. La vieille dormait étendue sur son lit ; les enfants jouaient dans le corridor, dont la porte était ouverte. Vladimirskaia, allaitant son enfant, et la garde-barrière, sans cesser de tricoter le bas qu’elle avait à la main, s’avancèrent vers Maslova.

— Eh bien, tu l’as vu ? — demandèrent-elles.

Maslova, sans répondre, s’assit sur son lit, les jambes pendantes.

— Pourquoi t’affliger ? — dit la garde-barrière.

— L’essentiel est de ne pas se décourager. Allons, Katucha ! — dit-elle en remuant encore plus vite ses doigts.

Maslova ne répondit pas.

— Les autres sont allées au lavoir. On dit que les dons pour les prisonniers ont été nombreux aujourd’hui — fit remarquer Vladimirskaia.

— Finachka ! — cria de la porte la garde-barrière, — où es-tu, petit coquin ?

Elle retira l’aiguille de son bas, l’enfonça dans la pelote, et sortit dans le corridor.

Au même instant, on y entendit un bruit de pas et de voix de femmes, et les prisonnières de la chambrée parurent sur le seuil, les pieds nus