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— Oui, vous pouvez la voir, — dit-il, — seulement, pour l’argent, comme je vous l’ai dit, n’est-ce pas… Pour ce qui est de son transfert à l’infirmerie, comme l’a écrit Son Excellence, cela est possible et le docteur y consent, mais c’est elle qui ne le veut pas. Elle dit qu’elle n’a pas besoin d’aller vider les pots de chambre des galeux… Ah ! prince, on voit bien que vous ne connaissez pas cette engeance, — ajouta-t-il.

Nekhludov ne répondit rien et demanda à la voir. Le directeur envoya un surveillant, et Nekhludov le suivit dans le parloir vide des femmes.

Maslova était déjà là et sortit de derrière la grille, douce et timide. Elle s’approcha très près de Nekhludov et, le regard dans le vide, lui dit à voix basse :

— Pardonnez-moi, Dmitri Ivanovitch, avant-hier j’ai dit beaucoup de mauvaises choses.

— Ce n’est pas à moi de vous pardonner…, — commença Nekhludov.

— N’importe, mais, tout de même il ne faut plus vous occuper de moi, — reprit-elle, et dans ses yeux louchant plus qu’à l’ordinaire, Nekhludov lut de nouveau une expression tendue et hostile.

— Pourquoi dois-je cesser de m’occuper de vous ?

— Parce que.

— Pourquoi, parce que ?

Elle eut de nouveau ce regard qui lui parut méchant.