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en manifestent tantôt l’une, tantôt l’autre et souvent paraissent différents d’eux-mêmes, bien que restant eux-mêmes. Mais, chez certains hommes, ces changements sont particulièrement marqués. Nekhludov appartenait à ces derniers. Sous l’influence de diverses causes, tant physiques que morales, de brusques et complets changements s’opéraient en lui. Et l’un de ces changements venait d’avoir lieu.

Le sentiment d’enthousiasme joyeux et celui de sa rénovation, éprouvés à la suite de la séance de la cour d’assises et de son premier entretien avec Katucha, avaient complètement disparu après sa dernière entrevue avec elle, faisant place à une sorte de terreur, presque de répulsion à son égard. Il avait résolu de ne pas l’abandonner, de ne pas renoncer à sa décision de l’épouser, si seulement elle y consentait, mais cela lui paraissait pénible et douloureux.

Le lendemain de sa visite à Maslennikov, il retourna à la prison pour la revoir.

Le directeur lui donna l’autorisation de la voir, non plus au bureau ou dans la salle des avocats, mais dans le parloir des femmes. Le directeur, malgré sa bienveillance, avait, vis-à-vis de Nekhludov, une attitude plus réservée que précédemment. Évidemment les conversations avec Maslennikov avaient eu pour résultat l’ordre de se montrer plus discret avec ce visiteur.