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— Un moment encore, dit Nekhludov en s’arrêtant sur la porte. On m’a dit qu’hier, dans la prison, on a infligé une punition corporelle aux prisonniers. Est-ce vrai ?

Maslennikov devint pourpre.

— Ah ! tu me parles de cela ! Décidément, mon cher, il ne faut plus qu’on t’y laisse entrer ; tu te mêles de tout. Allons, viens, Annette nous réclame, dit-il, en le prenant par le bras pour l’entraîner dans le salon ; il était de nouveau très animé, mais ce n’était plus la joie qui causait son animation, comme après la visite du haut personnage, mais l’inquiétude.

Nekhludov dégagea son bras et, sans rien dire à personne, sans saluer, il traversa le salon, la grande salle, passa devant les laquais empressés autour de lui, franchit le vestibule et gagna la rue.

— Qu’est-ce qu’il a ? Que lui as-tu fait ? — demanda Annette à son mari.

— C’est à la française, dit quelqu’un.

— Comment à la française, c’est à la zoulou.

— Bah ! il a toujours été comme ça.

Quelqu’un se leva, quelqu’un entra, les papotages reprirent leur cours : toute l’assistance prit cet incident avec Nekhludov comme prétexte convenable de conversation pour jour fixe.

Le lendemain, Nekhludov reçut de Maslennikov une lettre, d’une belle écriture ferme, sur papier