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des dames étaient assises, et des messieurs, des militaires, des civils, se tenaient debout ; et on entendait les voix entremêlées des hommes et des femmes.

— Enfin ! Vous ne voulez donc plus nous connaître ? En quoi avons-nous pu vous fâcher ?

Par ces mots, qui laissaient supposer entre eux une intimité qui n’avait jamais existé, Anna Ignatievna accueillit Nekhludov.

— Vous vous connaissez ? madame Biélavskaïa, Mikhaïl Ivanovitch Tchernov. Asseyez-vous plus près.

— Missy, venez donc à notre table. On vous apportera votre thé… Et vous… — dit-elle à un officier qui parlait à Missy et dont, évidemment, elle avait oublié le nom, — venez aussi. Prince, un peu de thé ?

— Jamais, jamais vous ne me le ferez croire, elle ne l’aimait pas, voilà tout, — dit une voix de femme.

— Mais elle aimait les gâteaux.

— Toujours de sottes plaisanteries, — dit en riant une autre dame en grand chapeau, et toute étincelante de soie, d’or et de pierreries.

— C’est excellent, ces gaufrettes, et si léger. Donnez m’en donc encore une.

— Et vous partez bientôt ?

— C’est aujourd’hui le dernier jour. C’est pourquoi nous sommes venus.