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Son attention se porta d’abord sur un jeune homme en veston court, d’extérieur agréable, qui parlait, en gesticulant avec animation, à une femme d’un certain âge, aux sourcils noirs. Près de lui, un homme âgé, en lunettes bleues, tenait par la main une jeune femme en costume de prisonnière, et, sans faire un mouvement, écoutait ce qu’elle lui racontait. Un petit collégien à l’air craintif, debout près du vieillard, ne le quittait pas des yeux. Non loin d’eux, dans un coin, un couple d’amoureux : elle, une toute jeune fille blonde, jolie, à l’air énergique, les cheveux courts, et vêtue à la dernière mode ; lui, un beau jeune homme aux traits fins, aux cheveux ondulés, en veste de caoutchouc. Tous deux assis dans le coin chuchotaient, évidemment s’enivrant d’amour. Plus près de la table était assise une femme aux cheveux gris, vêtue de noir ; évidemment une mère : elle dévorait des yeux un jeune homme paraissant phtisique, qui portait aussi une veste de caoutchouc ; elle essayait de lui parler, mais, étranglée par ses larmes, elle n’y parvenait pas : elle commençait et s’arrêtait. Le jeune homme tenait un papier dont il ne savait que faire et le froissait d’un air mécontent. Près d’eux se tenait une forte et belle jeune fille aux grands yeux saillants, en robe grise à pèlerine. Elle était assise à côté de la mère qui pleurait et lui caressait tendrement l’épaule.

Tout était beau en cette jeune fille : ses grandes