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LIII

Quand Nekhludov repassa par le large corridor (c’était l’heure du dîner et toutes les portes des salles étaient ouvertes), en voyant autour de lui cette foule d’hommes, en chaussons, tous vêtus de longues capotes jaune-clair, de pantalons courts et larges, qui l’examinaient avec curiosité, il ressentit une étrange impression, à la fois de la compassion pour ces prisonniers, de l’étonnement et de l’horreur pour les hommes qui les tenaient ainsi enfermés, et de la honte pour lui-même qui les regardait tranquillement.

Dans l’un des corridors, il vit un homme pénétrer en courant dans une salle d’où sortirent aussitôt des prisonniers, qui se rangèrent et saluèrent sur le passage de Nekhludov.

— Ordonnez, Votre Honneur… je ne sais comment vous nommer… qu’on décide une bonne fois de notre sort.