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— Je suis allé chez le vice-gouverneur et il m’a donné cette autorisation, — répondit Nekhludov en tendant le papier. — Je voudrais voir Maslova.

— Markova ? — demanda le directeur qui avait mal entendu, à cause de la musique.

— Maslova.

— Mais oui ! mais oui !

Le directeur se leva et s’avança vers la porte qui laissait passer les roulades de Clementi.

— Maroussia, arrête-toi au moins un instant, — dit-il d’un ton qui indiquait clairement que cette musique était la croix de sa vie ; — on n’entend rien.

Le piano se tut, on entendit des pas mécontents et quelqu’un entre-bâilla la porte.

Soulagé évidemment par l’arrêt de la musique, le directeur tira de son étui une grosse cigarette et en offrit une à Nekhludov. Nekhludov la refusa.

— Alors, voilà, je voudrais voir Maslova.

— Eh bien, c’est possible, — dit le directeur. — Que viens-tu faire ici ? — demanda-t-il à une fillette de cinq ou six ans, qui s’était faufilée dans la chambre, et, sans quitter des yeux Nekhludov, se dirigeait vers son père. — Prends garde, tu vas tomber, — reprit-il avec un sourire, en voyant que la fillette, sans regarder devant elle, s’empêtrait dans le tapis et accourait vers lui.

— Eh bien, si c’est possible, je vais y aller.