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faut, c’est, d’une part, le souci de leur bien-être ; de l’autre, une main ferme, — dit-il en fermant son poing blanc, potelé, orné d’une turquoise montée en bague, et qui sortait d’une manchette de toile forte, très blanche, tenue par un bouton d’or ; — le souci du bien-être et une poigne.

— Moi, je ne sais pas, — objecta Nekhludov, — mais j’y suis allé deux fois et en ai rapporté une impression très pénible.

— Sais-tu quoi ? Tu devrais aller voir la comtesse Passek, — poursuivit Maslennikov devenant plus communicatif, — elle s’est vouée entièrement à cette œuvre. Elle fait beaucoup de bien. Grâce à elle, et, je puis l’avouer sans fausse modestie, grâce à moi, le régime de nos prisons a été complètement transformé ; rien n’y subsiste des horreurs de l’ancien régime ; et les prisonniers, à présent, se trouvent très bien. Tu verras cela. Quant à Fanarine, je ne le connais pas personnellement, nos situations respectives nous éloignent. N’empêche que ce soit réellement un méchant homme ; et de plus, en plein tribunal, il se permet de dire des choses, des choses…

— Merci de ton obligeance, — fit Nekhludov en prenant le papier ; et, sans le laisser achever, il prit congé de son ancien camarade.

— Et chez ma femme, viens-tu ?

— Non, excuse-moi près d’elle, je ne peux pas aujourd’hui.