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Maslennikov pencha légèrement la tête sur le côté et réfléchit.

— Est-ce une condamnée politique ?

— Oui, m’a-t-on dit.

— C’est que, vois-tu, le droit de visiter les détenus politiques n’est accordé qu’aux parents, mais je vais te donner une autorisation générale. Je sais que vous n’abuserez pas… — Comment l’appelle-t-on, ta protégée ?…. Bogodoukhovskaïa ? Elle est jolie ? Hideuse ?

Maslennikov secoua la tête d’un air désapprobateur, s’approcha de son bureau, y prit une feuille à en-tête imprimée et se mit à écrire rapidement : « J’autorise le porteur du présent, prince Dmitri Ivanovitch Nekhludov, à visiter dans le bureau de la prison la bourgeoise Maslova, ainsi que l’infirmière Bogodoukhovskaïa » ; — et il signa d’un large paraphe.

— Tu verras le bel ordre qui règne dans la prison. Et ce n’est point chose facile de l’y maintenir, en ce moment surtout où les détenus sont nombreux. Mais je veille sévèrement à tout, et j’aime cette œuvre. Tu verras comme tout est bien organisé et comme tout le monde est content. L’essentiel est de savoir s’y prendre avec ces gens-là. Ainsi, ces jours-ci, il y a eu quelque anicroche, un cas d’insoumission. Un autre, à ma place, eut traité cela de révolte et fait nombre de malheureux. Avec moi, au contraire, tout s’est bien passé. Ce qu’il