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temps-là ! — ajouta-t-elle ; et elle éclata en sanglots plaintifs.

Nekhludov ne pouvait parler, les larmes le gagnaient aussi.

Elle releva les yeux, jeta vers lui un regard d’étonnement et se mit à essuyer avec son fichu les larmes qui coulaient sur ses joues.

Le surveillant s’approcha de nouveau, et fit observer que le moment était venu de se séparer.

Maslova se leva.

— Vous êtes agitée, aujourd’hui. Je reviendrai demain, si c’est possible. En attendant vous réfléchirez, — dit Nekhludov.

Elle ne répondit rien, et, sans le regarder, sortit derrière le surveillant.

— Eh bien, ma fille, la chance tourne, — dit Korableva à Maslova, quand celle-ci rentra dans la salle. — Évidemment il est bien toqué de toi. Ne perds pas de temps pendant ses visites. Il saura bien te tirer d’ici. Aux riches tout est possible.

— Ça c’est vrai, — intervint la garde-barrière, de sa voix chantante. — Le pauvre ne trouve même pas une nuit pour se marier, mais tout ce que l’homme riche désire arrive comme il veut. Il y en avait un chez nous, ma belle, alors voici ce qu’il a fait…

— Lui as-tu parlé de mon affaire ? — demanda la vieille.

Sans répondre à personne, Maslova s’étendit sur