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gurée par la colère, en retirant sa main. Tu veux te sauver par moi, — continua-t-elle se hâtant de dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. — Pour toi j’ai été un objet de plaisir, et c’est grâce à moi, maintenant, que tu veux gagner ton salut dans l’autre monde ! Tout de toi m’inspire le dégoût : ton lorgnon, toute ta sale figure luisante. Va-t’en, va-t’en ! — cria-t-elle, et d’un mouvement énergique, elle se redressa.

Le surveillant s’approcha d’eux.

— Pourquoi fais-tu du scandale. Cela ne se fait pas…

— Laissez, je vous prie, — dit Nekhludov.

— Il ne faut pas qu’elle s’oublie, — fit le surveillant.

— Je vous en prie, attendez encore — pria Nekhludov.

Le gardien retourna vers la fenêtre.

Maslova se rassit, baissa les yeux, et se mit à serrer fortement les doigts repliés de ses mains petites.

Nekhludov debout près d’elle ne savait que faire.

— Tu ne me crois pas, dit-il.

— Que vous voulez m’épouser, cela jamais. J’aimerais mieux me pendre ! Voilà.

— Et tout de même je m’occuperai de toi.

— Ça, c’est votre affaire. Seulement je n’ai nul besoin de vous. Je vous le dis comme je le pense, fit-elle. — Pourquoi ne suis-je pas morte dans ce