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— C’est bien ; je m’en occuperai, je m’informerai ; — dit Nekhludov, de plus en plus étonné de cette loquacité. — Mais c’est d’une affaire personnelle que je veux vous entretenir. Vous rappelez-vous ce que je vous ai dit l’autre jour ? demanda-t-il.

— Vous m’avez dit tant de choses. Que m’avez-vous dit ? — demanda-t-elle sans cesser de lui sourire et de tourner la tête tantôt d’un côté tantôt d’un autre.

— Je vous ai dit que j’étais venu vous prier de me pardonner, — dit-il.

— Eh quoi ! vous pardonner, c’est inutile… vous feriez mieux…

— J’ai encore à vous dire, — poursuivit Nekhludov, — que je veux réparer ma faute, non par des paroles mais par des actes. Je suis résolu à vous épouser…

Le visage de Maslova, soudain, exprima de l’effroi. Ses yeux cessèrent de loucher et le regardèrent sans le voir.

— Et pourquoi faire ? demanda-t-elle d’un ton mauvais, en fronçant les sourcils.

— J’ai le sentiment que, devant Dieu, je dois agir ainsi.

— Quel Dieu avez-vous imaginé ? De quoi parlez-vous ? Dieu ? Quel Dieu ? Vous auriez mieux fait de penser à Dieu, autrefois… — dit-elle en s’arrêtant, la bouche ouverte.

Nekhludov sentit alors la forte odeur d’eau-de-