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une rixe entre deux prisonniers, qui se termina par un meurtre.

L’entrée d’un surveillant, qui précédait Maslova, interrompit le récit.

Nekhludov la vit dès le seuil avant même qu’elle eût remarqué la présence du directeur. Son visage était rouge. Elle marchait d’un pas dégagé derrière le surveillant, en souriant et secouant la tête. À la vue du directeur, elle s’arrêta un instant devant lui, l’air effrayé ; mais bientôt elle se tourna gaiement vers Nekhludov.

— Bonjour, — lui dit-elle, souriante, en lui serrant la main non comme l’autre fois, mais fortement.

— Je vous ai apporté votre pourvoi, pour le signer, — lui dit Nekhludov surpris de la voir si exubérante. — C’est l’avocat qui l’a rédigé ; vous n’avez qu’à le signer et nous l’enverrons à Pétersbourg.

— Eh bien, on peut le signer. C’est faisable, — dit-elle en souriant et clignant d’un œil.

Nekhludov sortit le papier de sa poche et s’approcha de la table.

— Peut-on signer cela ici ? — demanda Nekhludov au directeur ?

— Allons, assieds-toi là, — dit le directeur. — Voici une plume. Sais-tu écrire ?

— Autrefois je l’ai su, — répondit-elle avec un sourire ; puis, après avoir ramassé sa jupe et re-