sa fermeté dans ses rapports avec les chefs. Il connaissait les lois et exigeait qu’on les exécutât. Aussi les chefs ne pouvaient-ils le souffrir. Trois semaines auparavant, un prisonnier ayant, en passant, renversé de la soupe sur l’uniforme neuf d’un surveillant, celui-ci l’avait frappé. Vassiliev était intervenu, alléguant qu’il n’y a pas de loi pour frapper les prisonniers. « Je vais te l’apprendre, moi, la loi », avait répondu le surveillant ; et il s’était mis à injurier Vassiliev. Vassiliev avait répliqué sur le même ton. Le surveillant avait voulu le frapper ; mais Vassiliev, l’ayant saisi à deux mains, l’avait ainsi tenu en respect pendant trois minutes, puis l’avait jeté hors de la salle. Le surveillant avait porté plainte et le directeur avait condamné Vassiliev au cachot.
Les cachots consistaient en une rangée de cellules noires, fermées du dehors au verrou. Dans ces sombres et froides cellules, il n’y avait ni lit, ni table, ni chaise, si bien que le prisonnier devait être assis ou couché sur le plancher dégoûtant, et les rats y étaient si nombreux et si audacieux que non contents de courir autour de lui et sur lui, dans cette obscurité, ils venaient lui prendre son pain entre les mains. Ils mordaient même ceux qui étaient ainsi enfermés, s’ils cessaient de remuer. Vassiliev avait déclaré que, n’étant pas coupable, il n’irait pas au cachot. On l’y avait traîné de force. Comme il se débattait, deux de ses camarades