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XLVI

À l’heure habituelle, les sifflets des gardiens retentirent dans les couloirs de la prison ; les portes de fer des salles furent ouvertes, on entendit des bruits de pas et, dans les couloirs, se répandit la puanteur suffocante des cuveaux qu’on emportait ; les prisonniers et les prisonnières se débarbouillèrent, se vêtirent, sortirent dans les couloirs à l’appel et allèrent ensuite chercher de l’eau bouillante pour leur thé.

Ce jour-là, dans toutes les salles, à l’heure du thé, les conversations furent particulièrement animées ; il était question de la fustigation qui devait être donnée à deux prisonniers. L’un d’eux était un jeune commis, intelligent et instruit, nommé Vassiliev, qui avait tué sa maîtresse dans un accès de jalousie. Il était aimé de tous ses camarades de chambrée pour sa bonne humeur, sa libéralité et