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ment assis devant des tables et cherchant quelque consolation dans la lecture des journaux illustrés. Le secrétaire de l’avocat, installé au salon devant un haut pupitre, reconnut aussitôt Nekhludov, s’avança vers lui et lui dit qu’il allait avertir le patron de sa présence. À ce moment la porte du cabinet de Fanarine s’ouvrit, et l’avocat sortit, en conversation animée avec un homme pas jeune, trapu, rubicond, aux grosses moustaches, vêtu d’un costume tout neuf. À l’expression de leurs visages à tous deux, on devinait qu’ils venaient de conclure une excellente affaire, mais pas très propre.

— C’est votre propre faute, petit père, — disait en souriant Fanarine.

— Je voudrais bien aller en paradis, malheureusement mes péchés m’enlisent.

— Bon, bon, nous le savons.

Et tous deux se mirent à rire avec affectation.

— Ah ! prince, donnez-vous la peine d’entrer, — dit Fanarine, en apercevant Nekhludov ; et après un rapide et dernier salut au marchand qui se retirait, il introduisit Nekhludov dans son cabinet de réception, meublé sévèrement. — Je vous en prie, fumez donc, — reprit-il en s’asseyant en face de Nekhludov et en dissimulant la joie qu’il éprouvait encore de son excellente affaire.

— Merci, je suis venu pour l’affaire de Maslova.