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à des cordes, quantité d’habits, d’uniformes, de vieilles fourrures bizarres, dont jamais personne ne pouvait faire usage ; on décloua les tapis, transporta les meubles d’une pièce à l’autre ; le portier, avec son aide, procéda à une foule de nettoyages, et l’odeur de naphtaline envahit bientôt toutes les pièces. En traversant la cour et regardant par les fenêtres, Nekhludov s’étonna de découvrir l’énorme quantité de choses inutiles qu’il avait gardées dans son appartement. Leur unique raison d’être et leur destination, — songeait Nekhludov, — est de permettre à Agraféna Pétrovna, à Korneï, au concierge, à son aide, et à la cuisinière de se donner de l’exercice.

« Du reste, il n’est pas nécessaire de changer mon train de vie, tant que le sort de Maslova ne sera pas décidé », — pensait Nekhludov. — « Puis ce serait trop difficile. Le changement se fera de soi-même : on lui rendra la liberté ou on la déportera en Sibérie, et moi j’irai avec elle. »

Au jour convenu, Nekhludov alla chez l’avocat Fanarine. Celui-ci habitait un grand et somptueux hôtel, qui lui appartenait, orné de plantes rares, avec de splendides rideaux aux fenêtres et, en général, un ameublement riche, témoignant de l’argent gagné sans peine, ainsi que cela se voit chez les gens trop vite enrichis. Dans le salon, Nekhludov trouva, comme chez un médecin, des clients qui attendaient leur tour, mélancolique-