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yeux bleu-clair lui parlait. C’étaient Fédosia et son mari. À côté se tenait un homme déguenillé, causant avec une femme aux pommettes saillantes et à la chevelure en désordre ; puis deux femmes, un homme ; encore une femme, et en face de chaque visiteur, une prisonnière. Maslova n’était point parmi elles. Mais, cachée derrière les prisonnières, une femme se tenait debout, et Nekhludov, devinant aussitôt que c’était elle, sentit redoubler les battements de son cœur et s’arrêter son souffle. La minute décisive approchait. Il s’avança du grillage et la reconnut. Placée derrière Fédosia aux yeux bleus, elle écoutait en souriant ce que disait celle-ci. Au lieu de la capote de l’avant-veille, elle portait, serrée à la taille par une ceinture, une camisole blanche qui bombait sur la poitrine. De son fichu s’échappaient des boucles de cheveux noirs, comme au tribunal.

« Le moment approche », — se dit-il. — « Mais comment l’appeler ? Ne viendra-t-elle pas d’elle-même. »

Mais elle ne venait pas. Elle s’attendait à la visite de Clara et ne pouvait soupçonner que cet homme fût là pour elle.

— Qui désirez-vous voir ? — demanda la surveillante qui marchait entre les grillages s’approchant de Nekhludov.

— Catherine Maslova, — répondit avec effort Nekhludov.