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— Je désire voir Catherine Maslova.

— Une détenue politique ? — demanda le sous-directeur.

— Non, elle est simplement…

— Alors une condamnée ?

— Oui, condamnée depuis avant-hier, — répondit doucement Nekhludov, craignant, par une parole trop vive, de s’aliéner la bonne disposition du sous-directeur.

— Si c’est la section des femmes, par ici, — dit le sous-directeur, jugeant par l’extérieur de Nekhludov qu’il méritait une considération particulière.

— Sidorov ! — appela-t-il un sous-officier tout chamarré de médailles, — par ici, conduis monsieur dans la section des femmes.

— À vos ordres.

À ce moment des sanglots qui fendaient l’âme se firent entendre près du grillage.

Tout paraissait étrange à Nekhludov, et plus étrange encore fut pour lui la nécessité de remercier le sous-directeur et le surveillant-chef, et de se sentir l’obligé de ces gens, instruments d’une œuvre aussi cruelle que celle qui s’accomplissait dans cette maison.

Le surveillant fit passer Nekhludov du parloir des hommes dans le corridor, et, par une porte en face, l’introduisit dans le parloir des femmes.

Cette chambre était, comme l’autre, divisée par deux grillages, en trois parties. Bien qu’elle fût