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des riches, des pauvres, des hommes sains et des malades, des ivrognes, des sobres, des brutes et des sentimentaux, des militaires, des civils, des étudiants, des collégiens, des gens de toutes les classes, de tous les âges, de tous les caractères. Des cris, des moqueries, des rixes, de la musique, du tabac et du vin, et encore du vin et du tabac, et encore de la musique, du crépuscule au petit jour. Et seulement le matin venu, la délivrance et le sommeil lourd. Et tous les jours ainsi d’un bout de la semaine à l’autre. Puis, à la fin de chaque semaine, la visite dans le bureau de la police, où les fonctionnaires au service de l’État et les médecins, des hommes, un jour, gravement et rudement, un autre jour, joyeusement, offensant la pudeur naturelle qui devrait protéger et les créatures humaines et les bêtes, examinent ces femmes et leur donnent licence de continuer pendant toute la semaine suivante les crimes commis avec leurs complices la semaine d’avant. Et de nouveau une semaine pareille, et ainsi chaque jour, l’été comme l’hiver, les jours ouvrables comme les jours de fêtes.

Pendant sept ans Maslova vécut de cette vie. Pendant ce temps elle changea deux fois de maison et une fois dut aller à l’hôpital. La septième année de son séjour dans la maison de tolérance, et la huitième après sa première chute, elle avait