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se tenait un groupe d’hommes et de femmes, la plupart avec des paquets à la main. À droite, s’étendaient des constructions basses, en bois ; à gauche s’élevait un édifice à deux étages, avec une enseigne quelconque. Au fond se détachait l’énorme bâtiment de pierre de la prison, duquel on ne laissait approcher personne. Un soldat de faction, le fusil sur l’épaule, marchait de long en large, et criait sévèrement contre ceux qui faisaient mine de vouloir passer outre.

Devant la petite porte des constructions en bois ; à droite, en face du factionnaire, était assis un surveillant, en uniforme galonné, tenant un registre sur ses genoux. Il était chargé d’inscrire les noms des prisonniers que les visiteurs demandaient à voir.

Nekhludov s’approcha de lui et nomma Catherine Maslova. Le surveillant galonné nota ce nom.

— Pourquoi ne permet-on pas d’entrer ? — demanda Nekhludov.

— On dit la messe, dès qu’elle sera finie on laissera entrer.

Nekhludov se rapprocha du groupe des visiteurs. Un individu en haillons, le chapeau défoncé, les pieds nus dans ses chaussons, le visage barré de sillons rouges, s’en détacha pour se glisser vers la porte de la prison.

— Toi, où vas-tu ? — lui cria le soldat au fusil.

— Et toi, qu’as-tu à brailler de la sorte ? —