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le merveilleux, surprise des anges ; Jésus le tout-puissant, sauveur des aïeux ; Jésus le doux, grandeur des Patriarches ; Jésus le glorieux, puissance des rois ; Jésus le bienheureux, volonté des prophètes ; Jésus le splendide, fermeté des Martyrs ; Jésus le résigné, joie des moines ; Jésus le miséricordieux, douceur des prêtres ; Jésus le magnanime, abstinence des jeûneurs ; Jésus le plus doux, félicité des Saints ; Jésus le pur, chasteté des vierges ; Jésus éternel, salut des pécheurs ; Jésus, fils de Dieu, aie pitié de nous ». C’était l’arrêt, et le mot Jésus était prononcé d’une voix stridente ; alors le prêtre, relevant de la main sa soutane doublée de soie, fléchit un genou et salua jusqu’à terre, tandis que le chœur chantait les dernières paroles : « Jésus fils de Dieu, aie pitié de nous ! » et que les prisonniers à leur tour tombaient à genoux et se relevaient, en secouant leur moitié de chevelure et en faisant retentir les fers qui meurtrissaient leurs jambes amaigries.

Cela dura fort longtemps. C’étaient d’abord des louanges finissant par les mots : « Aie pitié de nous ! », puis d’autres louanges, terminées par des « Alléluia » ! Au début les prisonniers s’étaient signés et prosternés à chaque temps d’arrêt ; puis ils commencèrent à ne s’incliner qu’à tous les deux arrêts, et enfin, à tous les trois, et ils furent très heureux quand ce fut fini. Après un soupir de soulagement, le prêtre reprit son bré-