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n’y comprenait mot. Le prêtre lisait au contraire fort distinctement le passage de l’évangile de Marc, où il est dit que le Christ étant ressuscité, avant de monter au ciel et de s’asseoir à la droite de son Père, apparut d’abord à Marie Magdeleine, de laquelle il chassa sept démons, puis apparut à onze disciples et leur ordonna de prêcher l’Évangile à tout être vivant, en déclarant que celui qui ne croira pas périra, tandis que celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; et pourra, en plus, exorciser les démons, guérir les hommes de la maladie par l’imposition des mains, parler de nouvelles langues, fasciner les serpents, et, s’il boit du poison, être préservé de la mort.

L’office consistait à supposer que le morceau de pain coupé par le prêtre et plongé dans le vin, se transforme, grâce à certaines manipulations et prières, en chair et en sang de Dieu. Ces manipulations consistaient en ce que le prêtre élevait les bras en cadence, bien que le sac de brocart gênât ses mouvements, puis pliait les genoux, et baisait la table et ce qui s’y trouvait. L’acte le plus important était que le prêtre, tenant de ses deux mains une serviette, l’agitait de mouvements égaux, au-dessus du plat et du calice d’or. On présumait qu’à ce moment, le pain et le vin se transformaient en chair et en sang. Aussi toute cette partie de l’office était-elle entourée d’une solennité particulière.