ludov, touchant l’innocence de Maslova. — Condamnée hier, elle doit, avant la signification du jugement, se trouver encore dans la maison de détention préventive. Il y a des jours réservés pour voir les détenus. Je vous engage à vous adresser là.
— C’est que j’ai besoin de la voir le plus vite possible, — dit Nekhludov, avec un tremblement de sa mâchoire inférieure, et sentant venu le moment décisif.
— Mais pourquoi, donc avez-vous besoin de la voir tout de suite ? — demanda le procureur vaguement inquiet, et les sourcils froncés.
— Parce qu’elle est innocente et qu’on l’a condamnée au bagne. C’est moi qui suis cause de tout, — ajouta Nekhludov d’une voix frémissante, et sentant qu’il disait ce qu’il fallait taire.
— Comment cela ? — questionna le procureur.
— C’est moi qui l’ai séduite. Je l’ai mise dans la situation où elle est maintenant. Si je n’avais pas agi ainsi, elle n’aurait pas eu à répondre d’une accusation pareille.
— Tout de même je ne vois pas quel lien a cela avec votre désir.
— C’est que je veux la suivre… et l’épouser ! — déclara Nekhludov. Et comme toujours quand il parlait de cette résolution, les larmes parurent dans ses yeux.
— Ah, vraiment ? — fit le procureur. — Le cas