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avec elle. La patronne ayant appelé l’homme dans la pièce voisine, Maslova entendit qu’elle disait : « Toute fraîche, elle vient droit de la campagne ». Ensuite la patronne fit appeler Maslova, et lui dit que ce vieux monsieur était un écrivain ayant beaucoup d’argent, et qui ne serait pas regardant avec elle si elle savait lui plaire. Elle lui plut, et l’écrivain lui donna vingt-cinq roubles, en promettant de revenir la voir souvent. Cet argent fut vite dépensé ; une partie lui servit à payer la pension qu’elle devait à sa tante, et le reste à s’acheter une robe, un chapeau et des rubans. Quelques jours après, l’écrivain l’envoya chercher pour la deuxième fois. Elle s’y rendit. Il lui donna de nouveau vingt-cinq roubles, et lui offrit de l’installer dans un appartement. Maslova vivait dans l’appartement loué par l’écrivain quand elle s’éprit d’un commis de magasin, un joyeux garçon, qui demeurait dans la même cour. Elle en prévint elle-même l’écrivain et alla vivre dans un autre petit logement. Le commis, qui lui avait promis le mariage, sans lui rien dire, l’abandonna et, partit à Nijni, et Maslova resta seule. Elle voulait vivre seule ainsi, en garni, mais cela ne lui fut pas permis. L’officier de police lui déclara qu’elle ne pouvait vivre de cette façon, sans en obtenir l’autorisation, qu’il lui fallait pour cela se procurer au bureau de police une carte jaune et se soumettre à l’examen médical.