Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nait ce grand appartement pour s’y marier. Son projet d’abandonner l’appartement avait donc une importance particulière. Agrafena Petrovna le regarda avec surprise.

— Je vous suis très reconnaissant, Agrafena Petrovna, de vos dévoués services, mais je n’ai besoin, désormais, ni d’un aussi grand appartement, ni d’un personnel aussi nombreux. Ce en quoi vous pouvez encore m’être utile, et que je vous demande, c’est d’avoir la bonté de faire emballer tous les effets, comme cela se faisait du vivant de ma mère. Quand Natacha viendra, elle verra ce qu’il convient d’en faire. (Natacha était la sœur de Nekhludov.)

Agrafena Petrovna hocha la tête.

— Comment, ce qu’il convient d’en faire ? Mais vous en aurez besoin, dit-elle.

— Non, Agrafena Petrovna, je n’en aurai pas besoin, sûrement non, dit Nekhludov, répondant à la pensée qu’indiquait son hochement de tête. Dites aussi, je vous prie, à Kornéï que je lui paierai deux mois de gages d’indemnité, mais que je n’ai plus besoin de lui.

— Vous avez tort d’agir ainsi, Dmitri Ivanovitch, remarqua-t-elle. Si même vous allez à l’étranger, il vous faudra toujours un local.

— Ce n’est pas ce que vous pensez, Agrafena Petrovna. Je ne vais pas à l’étranger, ou si je vais quelque part c’est dans un tout autre endroit.