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au mari, de lui demander pardon, et de lui offrir telle réparation qu’il exigerait. Mais ce matin, ceci ne lui paraissait plus aussi facile que la veille. « Pourquoi faire le malheur d’un homme s’il l’ignore. S’il me le demande, oui, je le lui dirai ; mais aller exprès le lui dire moi-même, non, ce n’est pas nécessaire. »

Il n’était pas plus aisé de dire toute la vérité à Missy. Là encore, s’il parlait, ce serait offensant pour elle. Mieux valait s’en tenir aux sous-entendus, comme il arrive souvent dans les rapports humains. Il décida une seule chose, de ne plus aller chez les Kortchaguine, et de leur dire la vérité s’ils la lui demandaient.

Mais, en ce qui concernait ses relations avec Katucha, rien ne devait rester inexprimé. « J’irai la voir dans sa prison, lui dirai tout ; je lui demanderai de me pardonner. Et s’il est nécessaire, oui, s’il est nécessaire, je l’épouserai, » pensa-t-il.

L’idée de tout sacrifier pour satisfaire sa conscience et l’épouser, l’attendrissait particulièrement ce matin.

Sa journée commençait avec une énergie dont il était désaccoutumé depuis longtemps. Agrafena Petrovna étant venue, il lui déclara aussitôt, surpris lui-même de sa fermeté, qu’il n’avait plus besoin de cet appartement ni de ses services. Par une entente tacite, il était admis qu’il entrete-