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j’avouerai tout, je dirai et je ferai la vérité », se dit-il résolument à voix haute. « Je dirai la vérité à Missy, que je suis un débauché, que je ne puis l’épouser, que je l’ai troublée en vain ; je dirai à Marie Vassilievna (la femme du maréchal de la noblesse), ou plutôt non, pas à elle, mais à son mari, je dirai que je suis un misérable, que je l’ai trompé. Je disposerai de l’héritage de façon à suivre la vérité. Je lui dirai aussi à elle, à Katucha, que je suis un misérable, que j’ai péché contre elle, et je ferai tout pour adoucir son sort. Oui, je la reverrai et lui demanderai de me pardonner ».

« Oui, je lui demanderai pardon, comme font les enfants ».

Il s’arrêta.

« Je l’épouserai s’il le faut ».

Il s’arrêta, joignant les mains contre sa poitrine, comme il le faisait dans son enfance, leva les yeux et dit, s’adressant à quelqu’un :

— Seigneur, viens à mon aide, instruis-moi, pénètre en moi pour me purifier.

Il priait ; il demandait à Dieu de lui venir en aide, de pénétrer en lui et de le purifier, et ce qu’il demandait dans sa prière s’était déjà accompli. Dieu, vivant en lui, s’était éveillé en sa conscience. Il se sentait Lui ; et c’est pourquoi, il sentait non seulement la liberté, la bonté, la joie de la vie mais toute la force du bien. Il se sentait capable de faire tout le bien qu’il est possible à l’homme d’accomplir.