Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étais si faible je serais depuis longtemps allé le voir chez vous.

— Je l’ai complètement abandonné, — répondit sèchement Nekhludov, pour qui, aujourd’hui, la fausseté de ces flatteries était aussi évidente que la vieillesse qu’elle dissimulait. Et malgré ses efforts, il ne pouvait plus être aimable.

— C’est dommage ! Savez-vous que Répine lui-même m’a affirmé le grand talent de notre ami, — dit-elle en se tournant vers Kolossov.

« Comment n’a-t-elle pas honte de mentir ainsi ?» songea Nekhludov renfrogné.

Voyant que Nekhludov n’était pas en train, et qu’une conversation agréable et spirituelle était impossible avec lui, Sophie Vassilievna se tourna vers Kolossov et lui demanda son opinion sur un nouveau drame, comme si l’opinion de Kolossov devait résoudre tous les doutes et que chaque parole en dût être conservée pour toujours. Kolossov n’était pas content du drame, et en profita pour exposer ses théories sur l’art. Comme toujours, la princesse Sophie Vassilievna se montrait frappée de la justesse de ses observations, et plaçait un mot, en faveur de l’auteur du drame, pour aussitôt capituler ou trouver un moyen terme. Nekhludov regardait et écoutait, mais il voyait et entendait tout autre chose que ce qui était devant lui.

En écoutant tantôt Sophie Vassilievna tantôt