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XXVII

La princesse Sophie Vassilievna venait d’achever son dîner très délicat et très réconfortant, qu’elle prenait toujours seule, de crainte qu’on ne la vît dans cette occupation peu poétique. Le café était servi sur un petit guéridon, près de sa chaise longue, et elle fumait une cigarette. La princesse Sophie Vassilievna était brune, maigre, longue, avec de longues dents et de grands yeux noirs, et s’efforcait de se donner encore des airs de jeune femme.

On jasait sur ses relations avec son médecin. Nekhludov, autrefois, ne faisait point attention à ces clabauderies ; et aujourd’hui, non seulement il se les rappelait, mais quand il aperçut, assis tout contre la chaise longue, le docteur à la barbe lustrée et séparée en deux pointes, il éprouva une impression de dégoût.