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frais, si grands qu’ils soient, — dit-il en rougissant.

— Oh ! nous nous arrangerons toujours, — repartit l’avocat en souriant complaisamment de l’inexpérience de Nekhludov.

— Alors, en quoi consiste cette affaire ?

Nekhludov la lui raconta.

— Très bien ; dès demain je vais demander le dossier et l’examiner. Et après-demain, non, plutôt jeudi, venez chez moi vers six heures, je vous donnerai une réponse. C’est entendu ? Allons, j’ai encore besoin de quelques renseignements.

Nekhludov prit congé de lui et sortit.

L’entretien avec l’avocat, et le fait d’avoir pris déjà des mesures pour la défense de Maslova, avaient augmenté son calme. Il sortit : le temps était beau et il aspirait délicieusement l’air printanier.

Des cochers de fiacre lui offraient leurs services : mais il alla à pied. Alors tout un essaim de pensées et de souvenirs touchant Katucha et sa conduite envers elle bourdonna en lui. Il se sentit plein de tristesse, et tout lui parut sombre. « Non, j’y songerai plus tard », se dit-il ; « au contraire, à présent il faut me distraire de tant d’impressions pénibles. »

Il se rappela le dîner des Kortchaguine et regarda sa montre. Il n’était pas tard ; il pouvait y arriver pour le dîner. La sonnerie d’un tramway retentit derrière lui. Il le rejoignit en courant et y monta.