dit Nekhludov d’un air sombre et concentré.
— Mais le tribunal a formulé son arrêt d’après vos propres réponses, — objecta le président en s’avançant vers la sortie, — bien qu’il ait paru au tribunal que ces réponses n’étaient pas en rapport avec les questions.
Il se souvint alors qu’il avait eu l’intention d’expliquer aux jurés que les réponses : « oui, coupable », non accompagnées de la réserve : « sans intention de tuer », affirmaient l’assassinat avec préméditation, mais que, pressé de finir, il ne l’avait pas dit.
— Mais, ne pourrait-on réparer cette erreur ?
— On trouve toujours des motifs de cassation. Il faut s’adresser aux avocats, — dit le président en mettant son chapeau un peu sur l’oreille et se rapprochant de la porte.
— Mais c’est affreux.
— Voyez-vous, il n’y avait pour Maslova que deux issues possibles ; — le président dégagea ses favoris des revers de son pardessus et prit légèrement Nekhludov par le coude pour l’entraîner vers la sortie ; il semblait évidemment désireux de se montrer pour lui très aimable et très poli, et il continua :
— Vous sortez aussi ?
— Oui, répondit Nekhludov, qui mit vivement son manteau et suivit le président.
Ils sortirent ; dehors le soleil brillait, et aussitôt,