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— Je ne m’en suis pas aperçu, — répondit Nekhludov.

— Voilà, vous n’y avez rien vu.

— Mais on peut réparer le mal, — dit Nekhludov.

— Oh ! non, maintenant c’est fini.

Nekhludov jeta les yeux sur les prévenus. Pendant que leur sort se décidait, ils continuaient à demeurer assis et immobiles entre la grille et les soldats. Maslova souriait. Alors une mauvaise pensée se glissa dans l’âme de Nekhludov. Auparavant, tandis qu’il prévoyait son acquittement et sa mise en liberté, il s’était inquiété de la façon dont il aurait à se conduire envers elle. À présent, la déportation en Sibérie allait supprimer d’un coup la possibilité de renouer les relations. L’oiseau blessé allait cesser bientôt de se débattre dans la carnassière, et de forcer le souvenir.