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somme de 2.500 roubles, et, dans ce but, d’avoir ouvert sur place la valise avec une clé apportée par elle ?

Le chef du jury posa la première question.

— Eh bien, messieurs ?

La réponse ne se fit pas attendre. Tous se mirent à dire : « Oui, coupable », le reconnaissant coupable tant pour le vol que pour l’empoisonnement.

Un seul juré se refusa à déclarer Kartinkine coupable — un vieil employé qui répondait à toutes les questions dans le sens de l’acquittement.

Le chef du jury, pensant qu’il n’avait pas compris, se mit à lui expliquer que Kartinkine et Botchkova étaient certainement coupables ; mais le vieillard prétendit avoir fort bien compris et que, selon lui, le mieux était d’avoir pitié. « Nous ne sommes pas des saints », dit-il ; et il garda son opinion.

Après de longues discussions, la réponse à la seconde question concernant Botchkova fut : « Non coupable », puisqu’il n’y avait pas de preuves de sa complicité dans l’empoisonnement, ce que du reste avait plaidé avec insistance son avocat.

Le marchand qui tenait à ce que Maslova fût acquittée persista à soutenir que Botchkova était le pivot de toute l’affaire. Plusieurs jurés étaient de son avis ; mais le chef du jury, soucieux de rester dans la stricte légalité, observa qu’il n’en existait aucune preuve matérielle.

Après une longue discussion, son avis l’emporta.