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entr’ouverte découlait un pus mousseux et fétide.

9o Le cou avait presque disparu, par suite de l’enflure de la face et de la poitrine.

Etc., etc.

Sur quatre pages, en vingt-sept points, s’allongeait ainsi la description détaillée résultant de l’examen extérieur de l’effrayant cadavre, gonflé et décomposé, du marchand, qui s’était si bien amusé en ville. Cette lecture macabre augmenta encore l’indéfinissable sentiment de dégoût éprouvé par Nekhludov. L’existence de Katucha, le pus découlant des narines, les yeux sortis de leurs orbites, et sa propre conduite passée, envers elle, tous ces faits lui paraissaient du même ordre et semblaient l’étreindre et le suffoquer. Cette lecture de l’examen extérieur enfin terminée, le président, croyant que c’était fini, poussa un soupir de soulagement et releva la tête ; mais aussitôt le greffier passa à un second document, l’examen intérieur du cadavre.

Le président laissa retomber sa tête, s’accouda sur la table et ferma les yeux. Le marchand, voisin de Nekhludov, s’efforçant d’échapper au sommeil, n’en perdait pas moins l’équilibre ; les accusés eux-mêmes et les gendarmes qui les gardaient restaient assis immobiles.

L’examen intérieur du cadavre avait démontré que :

1o La membrane enveloppant le crâne était légè-