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paisible, évitant avec soin de faire craquer le plancher, il alla plus loin et se trouva devant la porte de Katucha. Tout était calme ; elle ne dormait certainement pas, sans quoi il eût entendu sa respiration. À peine eut-il murmuré, « Katucha » qu’elle se précipita vers la porte, et d’une voix qui semblait fâchée, l’invita à s’en aller.

— Mais que faites-vous là ? Est-ce possible ? Vos tantes vont se réveiller, disaient ses lèvres, mais tout son être disait : « Je suis toute à toi. »

Et c’est cela seul qu’entendit Nekhludov.

— Ouvre-moi seulement pour une minute, je t’en supplie, disait-il, sans comprendre ce qu’il disait.

Un silence se fit, puis il entendit une main qui à tâtons, cherchait le crochet de la porte. Le crochet grinça, la porte s’ouvrit et Nekhludov entra dans la chambre.

Il saisit Katucha telle qu’elle était, vêtue seulement d’une chemise de grosse toile, bras nus, la souleva et l’emporta.

— Ah ! que faites-vous ? murmurait-elle.

Mais, sans écouter ses paroles, il l’emportait chez lui.

— Ah ! il ne faut pas, laissez-moi, disait-elle, et cependant elle se pressait contre lui.

Quand elle l’eût quitté, toute tremblante et silencieuse, sans répondre à ses paroles, il sortit sur le