Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans une attitude indécise. À peine se fut-il approché de la fenêtre qu’elle leva les yeux sur lui. Il frappa. Aussitôt, sans même regarder qui frappait, elle sortit de l’office ; il entendit le grincement de la porte ouverte puis refermée. Il courut l’attendre près de l’entrée, et sans un mot, la serra dans ses bras. Pressée contre lui elle leva la tête, et offrit ses lèvres au baiser. Et ils étaient là, debout, dans un endroit sec, et, de plus en plus, grandissait en lui le désir impatient. Tout à coup la porte grinça, et, dans la nuit, la voix irritée de Matréna Pavlovna, cria :

— Katucha !

Elle s’arracha de ses bras et courut à l’office. Il entendit tirer le verrou. Puis, dans le silence revenu, la lueur rouge de la lampe disparut ; et plus rien que le brouillard et le fracas de la rivière.

Nekhludov s’approcha de la fenêtre et ne put rien voir. Il frappa, point de réponse. Il rentra dans la maison par le grand perron, mais il n’alla pas se coucher. Il ôta ses bottes, s’avança, pieds nus, dans le corridor jusqu’à la chambre voisine de celle de Matréna Pavlovna, où couchait Katucha. D’abord il entendit le ronflement paisible de Matréna Pavlovna et déjà voulait entrer, quand soudain quelque chose grinça ; elle se retournait sur son lit. Il resta immobile pendant cinq minutes. Quand tout se tut, et que de nouveau il entendit le ronflement