Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lapti ; les jeunes en cafetans de drap neuf, les reins ceints d’une écharpe claire, et aux pieds, des bottes. À gauche, les femmes coiffées de fichus de soie rouge, vêtues de casaquins de velours, avec des manches rouge vif, des jupes bleues, vertes, rouges, et chaussées de souliers ferrés. Les plus vieilles, modestes, avec leurs fichus blancs, leurs cafetans gris, leurs vieux souliers ou des lapti neufs, s’étaient placées dans le fond ; entre elles et les femmes mieux habillées, se tenaient les enfants, les cheveux bien huilés. Les paysans faisaient de grands signes de croix et de grands saluts, en rejetant leur chevelure en arrière : les femmes, surtout les vieilles, fixaient obstinément l’icône entourée de cierges, appuyaient fortement leurs doigts rapprochés tour à tour sur le front, les deux épaules, et le ventre, en marmottant quelque chose, s’inclinaient ou tombaient à genoux. Les enfants, imitant les grandes personnes, priaient avec ferveur surtout quand on les regardait. L’iconostase d’or ruisselait de lumière, au milieu des cierges enveloppés d’or. Le grand candélabre était tout garni de cierges. Du jubé éclatèrent les chœurs joyeux des chanteurs bénévoles où le mugissement des basses se mariait au soprano aigu des voix enfantines.

Nekhludov vint se mettre en avant. L’aristocratie occupait le milieu : un propriétaire foncier avec sa femme et son fils, celui-ci en veste de matelot