qu’au fond de son âme tout redevenait doux et lumineux comme autrefois.
Elle sourit en réponse, et sortit de la chambre. Les tantes de Nekhludov, qui l’avaient toujours adoré, l’accueillirent cette fois avec plus d’empressement encore que de coutume. Dmitri allant à la guerre pouvait être blessé, tué. Cela les mettait en émoi.
L’intention première de Nekhludov avait été de s’arrêter seulement une journée, mais en revoyant Katucha, il se décida de rester deux jours de plus pour passer chez ses tantes la fête de Pâques, et, comme il avait donné rendez-vous, à Odessa, à son ami Schenbok, il lui télégraphia de venir plutôt le rejoindre chez ses tantes.
Dès qu’il avait revu Katucha, Nekhludov avait senti renaître en lui le sentiment ancien. Comme jadis, il ne pouvait apercevoir sans une sincère émotion le tablier blanc de Katucha, ni entendre sans plaisir ses pas, sa voix, son rire, ni subir avec indifférence, surtout quand elle souriait, le regard de ses yeux noirs comme les cassis mouillés ; et, principalement, il ne pouvait sans trouble la voir rougir à sa rencontre. Il se sentait amoureux, mais non plus comme au temps où son amour était pour lui un mystère qu’il n’osait s’avouer à lui-même, où il avait la conviction qu’on ne peut aimer qu’une fois ; maintenant il se savait amoureux et s’en réjouissait et, tout en essayant