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très propre. Elle venait lui apporter, de la part des tantes, une savonnette parfumée dont on avait, à l’instant même, retiré l’enveloppe, et deux serviettes : une grande, avec des broderies russes, puis une serviette éponge. Et le savon, à peine sorti de son enveloppe avec ses lettres en relief, et les serviettes et elle-même, tout cela était également propre, frais, intact, et délicieux. Mais à sa vue, les lèvres de la jeune fille, rouges, fermes, charmantes comme jadis, se plissèrent d’une joie débordante.

— Heureuse arrivée à vous, Dmitri Ivanovitch ! — prononça-t-elle avec un léger effort, et son visage se couvrit de rougeur.

— Je te salue… je vous salue, — il ne savait s’il devait lui dire « tu » ou « vous » ; et lui aussi se sentit rougir. — Vous allez bien ?

— Dieu merci… Votre tante vous envoie votre savon préféré, à la rose, — dit-elle en posant le savon sur la table, et en étalant les serviettes sur les bras des fauteuils.

— Ils ont les leurs, — objecta solennellement Tikhone, en montrant du doigt, avec orgueil, une grande trousse aux fermoirs d’argent, remplie d’une énorme quantité de flacons, de brosses, de fixatifs, de parfums et d’objets de toilette, que Nekhludov avait ouverte sur la table.

— Remerciez ma tante. Et comme je suis heureux d’être venu, — ajouta Nekhludov, sentant