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Nekhludov se mit à battre joyeusement : « Elle est ici ! » Et c’était comme si le soleil se fût montré entre les nuages. Nekhludov suivit gaîment Tikhone, qui le conduisit, pour se changer, dans sa chambre d’autrefois.

Nekhludov eût bien désiré questionner Tikhone sur Katucha : comment elle allait ? ce qu’elle faisait ? si elle était fiancée ? Mais Tikhone était à la fois si respectueux et si digne, il insistait tellement pour verser lui-même l’eau de la cruche sur les mains de Nekhludov, que celui-ci n’osa pas l’interroger sur Katucha, et se borna à lui demander des nouvelles de ses petits-enfants, du vieux cheval de son frère, du chien de garde Polkan. Tout le monde était en vie et se portait bien, sauf Polkan, atteint de rage l’année précédente.

Tandis que Nekhludov changeait de vêtements, il entendit un pas léger dans le corridor, et un heurt à la porte. Nekhludov reconnut le pas et la façon de frapper. Elle seule marchait et frappait de cette manière.

Il jeta vivement sur ses épaules son manteau tout trempé, s’approcha de la porte et cria :

— Entrez !

C’était elle, Katucha. Toujours la même, mais plus charmante encore. De même qu’autrefois, ses yeux noirs qui louchaient légèrement et riaient avec tant de naïveté, regardaient de bas en haut. Comme autrefois elle portait un tablier blanc,