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eux-mêmes. Vanucha avait été pris à la maison quand il n’avait encore que onze ans, et Olénine était du même âge. Quand Olénine eut quinze ans, pendant un certain temps il s’occupa de l’instruction de Vanucha, lui apprit à lire le français, ce dont Vanucha était très fier ; et maintenant quand il était de bonne humeur, il lançait des mots français sans manquer chaque fois de rire bêtement.

Olénine gravit le perron de la cabane et poussa la porte du vestibule. Marianka, vêtue d’une simple chemise rose, comme les femmes cosaques ont l’habitude d’en porter à la maison, effrayée, d’un bond s’éloigna de la porte, et en se serrant près de la muraille, cacha la partie inférieure de son visage par la large manche de sa chemise tatare. En ouvrant la porte, plus loin, Olénine distingua dans le demi-jour toute la personne haute et élégante de la jeune Cosaque. Avec la curiosité prompte et avide de la jeunesse, il remarqua involontairement les formes belles et virginales qui se laissaient deviner sous la fine chemise de coton, et les beaux yeux noirs fixés sur lui avec un effroi enfantin et une curiosité sauvage. « Ah, c’est-elle ! » — pensa Olénine. « Oui, il y en aura beaucoup de pareilles », — lui vint-il aussitôt en tête, et il ouvrit l’autre porte de la cabane.

La vieille Oulitka, vêtue elle aussi d’une seule chemise, avait le dos tourné, et penchée, balayait le sol.