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mins et les fillettes se serrent les uns près des autres, contre leurs mères, et avec un étonnement craintif suivent tous les mouvements des soldats qu’ils n’ont encore jamais vus, ou à une distance respectueuse, courent derrière eux.

Les vieux Cosaques sortent de leurs cabanes, s’asseoient sur les bancs de terre et, silencieux et sévères, regardent l’installation des soldats, en ayant l’air de laisser tout cela à la volonté de Dieu, sans comprendre ce qui en peut advenir.

Olénine, qui depuis trois mois était inscrit comme junker du régiment du Caucase, reçut le logement dans l’une des meilleures maisons de la stanitza, chez le khorounjï Ilia Vassilievitch, c’est-à-dire chez la mère Oulita.

— Que sera-ce, Dmitrï Andréiévitch ? — demanda Vanucha en suffoquant à Olénine qui, en habit de tcherkess, monté sur un beau cheval acheté à Groznaïa, après une marche de cinq heures, entrait gaîment dans la cour du logement qui lui était assigné.

— Eh quoi ! Ivan Vassilievitch ? — fit-il en encourageant le cheval et en regardant joyeusement Vanucha, qui tout en sueur, les cheveux en désordre, le visage troublé, arrivé tout à l’heure avec le fourgon, ouvrait maintenant les malles.

Olénine semblait être un tout autre homme. Au lieu des joues rasées, il portait maintenant des moustaches jeunes et une petite barbiche ; son